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Prof, pouvez vous me prêter une règle pour souligner ?

  • Felipe Arancibia
  • 3 juil.
  • 3 min de lecture
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Éducation anticipatrice à l’ère de l’intelligence artificielle

 

– Prof, pouvez vous me prêter une règle pour souligner ?

– Tu n’as pas besoin d’une règle, tu as besoin de quelque chose pour tracer une ligne droite.


Ce dialogue, je l’ai eu de nombreuses fois avec mes élèves lorsqu’ils me demandaient une règle pour souligner. Certains restaient pensifs puis souriaient en trouvant une solution : une feuille, une carte, un couvercle de cahier. D’autres me disaient que je n’étais pas sympa ou que je ne voulais pas les aider.


Mon idée était de travailler l’autonomie, la créativité et la résolution de problèmes. Je voulais les inviter à réfléchir. Au fond, j’étais convaincu que l’intelligence ne se résume pas à l’accumulation de connaissances, mais réside dans la capacité à résoudre des difficultés et à affronter l’incertitude. Et cet exercice simple devenait souvent complexe, car les élèves avaient l’habitude que leurs professeurs leur donnent toutes les réponses.


Si l’on considère que l’éducation ne consiste pas à fournir des réponses, mais à susciter la réflexion, alors le rôle de l’éducateur devrait être de bousculer le confort des réponses correctes, rapides et faciles. L’enseignant doit déranger, inviter à voir les choses sous un autre angle et encourager de nouvelles alternatives.


Pourtant, ce changement ne s’est pas encore généralisé. Aujourd’hui encore, l’image du professeur qui « sait tout » et « explique devant tous » domine. L’élève écoute, prend des notes, mémorise, puis restitue ce qu’on attend de lui à l’épreuve. Le savoir est encore perçu comme un produit que l’on transmet, et non comme un processus que l’on construit.


Et maintenant qu’il existe une intelligence artificielle qui « sait tout », quel est le sens de continuer avec ce modèle ?


Dans le monde de l’IA, l’éducation doit se centrer sur la pensée, l’anticipation et la connexion. C’est ce que certains appellent l’éducation anticipatrice, qui vise à former des personnes capables de penser l’avenir, de résoudre des problèmes complexes et de s’adapter à des contextes changeants.


L’article analyse le développement anticipateur de l’enseignement dual au Kazakhstan, en soulignant l’importance de l’approche systémique et de la pensée anticipatrice dans la formation professionnelle.                                                       Cliquez sur l’image pour en savoir plus.
L’article analyse le développement anticipateur de l’enseignement dual au Kazakhstan, en soulignant l’importance de l’approche systémique et de la pensée anticipatrice dans la formation professionnelle. Cliquez sur l’image pour en savoir plus.

Ce regard, né à une époque où l’intelligence artificielle ne faisait pas encore partie de nos vies, apparaît aujourd’hui comme une proposition indispensable. Si les enseignants intégraient au processus éducatif les problèmes quotidiens ou issus du monde du travail, nous pourrions former de nouvelles générations dotées d’une pensée complexe et adaptative, mieux préparées à un monde incertain. Il s’agit d’une éducation qui intègre le monde réel, les défis du quotidien, du travail et de la vie comme partie intégrante de la formation.


Cette approche remet en question le modèle traditionnel et propose de former à la pensée systémique, adaptative et créative, comme seule manière de répondre à un monde en constante transformation.


Éduquer, ce n’est pas appliquer des formules ; c’est anticiper des mondes possibles. Il nous faut dépasser nos peurs. Il ne suffit pas d’enseigner à répondre à des questions, il faut aussi apprendre à les formuler. Pendant que j’écris ces lignes, les bombes tombent sur l’Iran, l’Irak, Israël, la Palestine, et beaucoup ont le sentiment que tout peut basculer. Nous devons reconnaître que le monde est incertain, et que l’intelligence artificielle crée des outils qui font évoluer les choses à une vitesse vertigineuse.


Si nous nous contentons d’apprendre aux jeunes à répondre, une fois arrivés dans le monde du travail, ils ne sauront plus quoi répondre, car ce monde sera radicalement différent de celui qu’ils auront connu à l’école. Pour survivre, ils devront penser autrement, s’adapter, oser. Mais si on ne leur a jamais permis de se tromper, d’explorer, ni de proposer de nouvelles solutions, la peur les paralysera.


Car ils seront des adultes qui devront affronter seuls un monde en perpétuel changement.

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